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2.3 La néologie et le néologisme

2.3.1 La néologie

La néologie est une nouvelle création linguistique dans la langue. C’est l’évolution et le dynamisme de la société reflétés dans la langue. « La néologie, comme tout objet linguistique, ne se soustrait pas à la dynamique générale des sciences du langage. Elle en subit les évolutions, les échecs et les changements ; elle les reflète et en garde des traces. » (Mejri, Sablayrolles 2011 : 3). Il y a plusieurs manières de définir la néologie.

Le Petit Robert (2011) la définissent comme :

1. Création de mots nouveaux, dans une langue, afin de l’enrichir.

2. (milieu XXe) LING. Processus par lesquels le lexique d'une langue s'enrichit, soit par la dérivation et la composition, soit par emprunts, calques ou par tout autre moyen (sigles, acronymes…).

On parle ici de la création de mots nouveaux utiles à une langue afin de l'enrichir par l’évolution sémantique, et la polysémie d’un mot. La polysémie veut dire qu’un mot

peut avoir plusieurs significations, ou changer de sens à travers le temps, de façon diachronique et synchronique à cause des changements sociaux, de perception, etc., dans la société. Larousse (2013) la définit tout simplement comme un « Ensemble des processus de formation de nouvelles unités lexicales » et selon Grammaire méthodique du français « La néologie lexicale s’observe synchroniquement, mais obéit au

mécanisme typiquement diachronique qu’est la création d’une nouvelle forme lexicale. » (Riegel et al. 2011 : 15). C’est-à-dire que le développement du langage, la création et l’introduction des mots nouveaux, est observé à un moment donné dans le temps présent. Simultanément, le langage est aussi dépendant de l’évolution lexique qui se fait à travers le temps, pour trouver l’origine des mots nouveaux, la source d’inspiration. Mais l’explication la plus précise et la plus adéquate pour mon étude, est celle que j’ai trouvée dans la présentation de la revue Langages (2011 : 4) de Mejri et Sablayrolles, où ils présentent des parties intéressantes proposées par J.-C. Boulanger à la clôture de la conférence de CINEO en 200811. Ils résument que la néologie est une terminologie qui représente cinq domaines :

1. le processus de création lexicale

2. l’étude théorique et appliquée des innovations lexicales

3. l’activité institutionnelle organisée et planifiée en vue de créer, recenser, consigner, diffuser et implanter des mots nouveaux

4. l’entreprise d’identification des secteurs d’activités spécialisés qui requièrent un rapport lexical important en vue de combler des déficits de vocabulaire

5. l’ensemble des rapports avec les dictionnaires

Tout d’abord, il faut un processus de création lexicale pour que des mots nouveaux surviennent. Des mots nouveaux apparaissent dans le langage quotidien, chez les jeunes comme chez les adultes, dans la vie de tous les jours ou dans la vie

professionnelle, par hasard ou sous l’influence d’autres langues, ou d’une nécessité de mots nouveaux pour pouvoir expliquer de nouveaux phénomènes ou des choses techniques.

11 La première conférence du Congrès International de Néologie des langues romanes, à L’Universitat Pompeu Fabra, Barcelone.

[…] la néologie est le domaine privilégié de l’expression du changement de la créativité, de l’inventivité, de la variation, de l’évolution et, en général, de la souplesse qu’une langue peut avoir. Une langue qui n’évolue pas est une langue morte. (Mejri 2011 : 26).

Dans mon étude, le plus intéressant par rapport à la néologie, sera de traiter les domaines concernant le processus de création lexicale et l’activité institutionnelle organisée et planifiée. Ceci parce que la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions est une sorte de néologie organisée et demandée par les

gouvernements français et québécois pour éliminer l’écart « professionnel » entre les deux sexes. Le souhait gouvernemental de la France et le Québec est que ces noms de profession féminisés seront implantés tout d’abord dans la langue officielle, mais aussi dans la langue de presse et dans le peuple de façon générale. Ceci pour compléter la langue et combler les déficits de vocabulaire d’aujourd’hui, dans le monde moderne, un monde où la parité des sexes est plus ou moins présente depuis une cinquantaine d’années.

Dans le même numéro de Langages (2011 : 4), sont aussi mentionnées des oppositions binaires qui sont présentes dans la néologie :

la néologie spontanée et organisée

la néologie de langue générale et des langues spécialisées

la néologie interne et externe (l’emprunt)

la néologie et la variation géographique

la néologie et le mot nouveau / la datation des mots/ le sentiment de nouveauté / la lexicalisation

la synchronie et la diachronie (évolution des faits linguistiques dans le temps) / l’évolution (l’héritage)

Les oppositions binaires sont toujours présentes dans la naissance de mots nouveaux.

La néologie et le processus de création lexicale peuvent donc se produire

spontanément par un événement fortuit, ou dans des contextes organisés selon des besoins nécessaires. On voit la différence entre les mots de tous les jours, de la langue parlée, des mots argots, de la langue écrite personnelle et des langues spécialisées aux professions, dans les effets techniques, dans la recherche, et ainsi de suite. De plus, il y toujours le développement naturel d’un mot nouveaux, et la question de savoir quand

le mot est apparu la première fois, combien de temps dure le sentiment de nouveauté et quand le mot est lexicalisé, et de plus admis dans les dictionnaires. Enfin, il y a la question de la synchronie et la diachronie qui sont des oppositions cohérentes.

L’évolution linguistique dans le temps présent est souvent, et peut-être toujours, dépendant de ou marqué par son héritage linguistique.