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3.3 Analyse des données

3.3.5 Un aperçu des données secondaires

Pour pouvoir comparer les résultats de mon corpus, je vais d’abord présenter le corpus de Jalkanen (2012), qui constitue les données secondaires de mon mémoire.

Jalkanen a choisi d’étudier des textes administratifs de la France et du Québec, de même que des articles de quotidiens français et québécois, pour voir quels termes qui sont effectivement utilisés dans ces publications et pour voir s’il y a des différences ou des similarités du langage utilisé entre les publications officielles et les publications journalistiques. L’utilisation de titres à la forme féminine est obligatoire pour les documents officiels, en France comme au Québec. Mais est-ce que la presse adopte ces recommandations ou est-ce qu’elle choisit de suivre ses règles internes.

Le corpus de textes administratifs de Jalkanen se compose de six délibérations et six rapports du Conseil Général de la Vienne, tous datant de la période du mois d’avril au mois de juin 2012, en ce qui concerne la France. Pour le Québec, elle a étudié trois rapports et documents de réflexion de l’Assemblée Nationale du Québec, l’un des trois date du mois de mai 2011 et les deux autre du mois de mars 2012. Son corpus de quotidiens se compose de quatre journaux français de la France métropolitaine et trois journaux québécois. Les journaux du corpus sont les suivants : Le Monde, Le Figaro, Le Parisien et l’Ouest-France de la France, et Le Devoir, Le Journal de Montréal et La Presse du Québec. Jalkanen a choisi d’examiner des journaux nationaux comme des journaux régionaux, et aussi différents styles, comme ceux considérés comme plutôt sérieux aussi bien que les journaux plus tabloïds, pour ainsi enrichir le corpus et voir s’il y a des niveaux de langue différents dans le corpus. Son corpus de journaux comprend 98 articles au total, tous publiés sur leurs sites Internet pendant une semaine en fin juin 2012.

Dans les documents officiels, Jalkanen a trouvé au total 206 occurrences de métiers de noms masculins et féminins qui ont référé à un individu exerçant un métier ou

occupant un titre, une fonction ou un grade professionnel. 130 sont à la forme masculine et 76 à la forme féminine, ce qui fait un pourcentage total de 36 % pour la présence des formes féminines. Pour les résultats concernant les données en France, le nombre d’occurrences d’hommes est de 73 % et de 27 % pour les femmes. Au Québec

les données font les pourcentages de 63 % pour les occurrences masculines, et de 37

% pour les occurrences à la forme féminine. Jalkanen précise qu’en plus de ces noms référant à une personne physique, il y a encore 35 occurrences de noms de métiers à la forme masculine au pluriel, faisant référence à l’ensemble d’un groupe, y compris des femmes, dont 26 dans les textes québécois et neuf dans ceux de la France. Voici un exemple de son mémoire pour illustrer cette sorte d’occurrences (Jalkanen 2012 : 56) :

On me rappelle que c’est la dernière journée où nous siégeons en cette fin de session et qu’il fallait que je sois un peu plus tolérante que pour d’habitude pour la minute des députés.

En plus de la situation commentée ci-dessus, Jalkanen a aussi découvert neuf cas où l’ensemble des hommes et femmes est désigné par la forme masculine et la forme féminine utilisées simultanément, des cas uniquement trouvés dans les textes québécois. C’est une situation intéressante qui demande un exemple :

Mmes et MM. les députés et les députées. (Jalkanen 2012 : 57).

Selon Jalkanen, dans l’ensemble de son corpus de documents officiels, les femmes constituent à peu près un tiers des données des noms de métiers, fonctions, grades et titres en France et au Québec, mais elles sont un peu plus représentées au Québec qu’en France. Continuons avec les résultats de l’autre partie du corpus, concernant les données tirées des quotidiens. 98 articles ont alors été étudiés pour le corpus

journalistique, et 438 noms de métiers, fonctions, grades et titres sont retenus. Le pourcentage des occurrences masculines et des occurrences féminines est de soit de 75,8 % soit de 24,2 % pour l’ensemble du corpus. Les femmes sont représentées dans environ un quart des occurrences, ce qui est moins que dans les textes administratifs où leur présence a fait à peu près un tiers de l’ensemble. Si on regarde les occurrences enregistrées pour la presse française séparément de celles de la presse québécoise, les noms féminisés sont de 22,1 % en France contre 26,9 % au Québec, et le nombre d’occurrences est encore une fois plus élevé pour les résultats québécois, comme c’était aussi le cas pour le corpus de textes administratifs.

En plus des exemples mentionnés ci-dessus, Jalkanen a trouvé 196 occurrences de noms à valeur générique, où la forme générique constituée par le masculin au pluriel fait la norme pour désigner l’ensemble d’un groupe d’hommes et de femmes. Ces occurrences ne sont pas incluses dans les données comptées dans son corpus. Trois cas particulièrement intéressants sont commentés de plus près. C’est quand le masculin et le féminin désignant un métier ou un titre a été utilisé simultanément.

Voici un exemple tiré de la presse française et un autre de la presse québécoise (Jalkanen 2012 : 60) :

1. Pourtant, je ne blâme jamais aucun conseiller ou conseillère, car ils font sans doute ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, c’est-à-dire pas grand-chose.

2. Vous imaginez combien d’autres directeurs et directrices se la coulent douce avec notre argent ??

Dans l’analyse de Jalkanen, elle a remarqué un total de six cas de « déviations » dans son corpus journalistique, c’est-à-dire quand les formes féminines conseillées n’ont pas été utilisées et que la forme masculine a été utilisé à la place du féminin. Tous ces cas ont été trouvés dans les quotidiens français, et aucun cas de « déviation » n’a été enregistré dans le corpus administratif. Jalkanen réfère à ces « déviations » comme des

« fautes d’écriture », parce que le même journaliste a, dans le même article, employé la forme féminine pour le même titre, et cela ne peut donc pas être considéré une

habitude ou un choix délibéré.

Jalkanen remarque aussi les occurrences du président, ministre, Premier ministre, patron, député et maire comme les plus fréquentes à la forme masculine, qui à sa forme féminine sont beaucoup moins représentées. Ces titres sont souvent suivis de

monsieur ou madame (dans les textes administratifs), qui en plus d’augmenter ou préciser la valeur du sexe de la personne en question, est surtout une formule de politesse :

Un fait intéressant est à soulever: parmi les 66 présidents, on y trouve en fait 40 fois M.

le président. De la même manière, pour les 13 présidentes, il y a 8 fois Mme la présidente.

On trouve ces expressions soit au féminin soit au masculin également pour député, premier ministre, leader, ministre et chef… (Jalkanen 2012 : 58).

Les femmes sont par contre mieux représentées, ou des fois même majoritaires, dans les métiers souvent estimés à une valeur plus basse que les autres ci-dessus. Parmi les données du corpus, Jalkanen a aussi montré des exemples à la forme féminine de chef, porte-parole, actrice, journaliste et chanteuse ayant une fréquence plus élevée.