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La grammaire française définit le possessif comme un déterminant ou un pronom, exprimant que le référent possédé auquel il s’ajoute (déterminant) ou dont il représente le nom (pronom) appartient à un certain référent possesseur. Le référent possédé désigné par le nom a une relation avec une personne grammaticale, qui peut être celle qui parle, celle à qui l’on parle, ou celle ou ce dont on parle. On observe une certaine omniprésence du possessif dans la langue française, et on voit qu’il est employé plus en français qu’en norvégien. En se présentant comme mot et morphème, et comme déterminant ou pronom, le possessif représente un outil langagier très souple.

Le centre d’intérêt pour ce mémoire est la possession inaliénable, et les effets qu’a ce type de possession sur l’emploi du possessif en français. Je vais présenter une analyse descriptive, du français moderne. Des recherches qui sont faites sur le possessif jusqu’au présent ont

examiné premièrement la notion de possession comme catégorie sémantique, ainsi que la relation sémantique entre le « possesseur » et son « possédé », ce qui est fait par exemple par Baron, Herslund et Sørensen (2001). Des questions importantes ont été posées, comme qu’est-ce que c’est la possession ? Et : est-ce qu’il y a une relation sémantique générale qui compte pour tous les domaines d’emploi du possessif ? Je vais dans la première partie de ce mémoire illuminer ces questions, avant d’examiner plus profondément la notion de

possession inaliénable. Ensuite, je vais étudier le phénomène de « concurrence » qui existe entre le déterminant possessif et le déterminant défini dans la détermination de la possession inaliénable.

Ce mémoire émet l’hypothèse que lorsque l’on a affaire à la possession inaliénable, le déterminant possessif peut, dans beaucoup de cas, être remplacé par le déterminant défini, à cause de l’inaliénabilité que représentent ces possessions. Le terme de possession inaliénable sera employé dans ce mémoire en impliquant les parties du corps humain, ce qui n’est

cependant pas évident. J’y reviendrai en examinant plus profondément cette notion dans la première partie du mémoire. Etant donné que la sorte de possession que représente la possession inaliénable est fonctionnellement dépendante de son « possesseur » indique que l’on connaît, dans la plupart des cas, l’identité du possesseur. Je voudrais alors savoir dans quelle mesure ce fait agit sur l’emploi du possessif, et poser la question de savoir dans quels cas ce déterminant peut être remplacé par le déterminant défini. Je souhaite mettre en lumière

l’aspect sémantique et l’aspect pragmatique et donc l’effet communicatif du déterminant possessif, comparer avec le déterminant défini, et essayer de systématiser les domaines d’emploi des deux déterminants concernant la détermination de la possession inaliénable. En représentant tous les deux déterminants des anaphores lexicales, et en marquant donc tous les deux une référence anaphorique, on voit la tendance qu’ils entrent en « concurrence » en déterminant les parties du corps. De ce fait, je pose les questions de savoir : quand est-ce qu’il faut employer le possessif, quand est-ce qu’il faut utiliser le défini, et dans quels cas peut-on choisir plus ou moins librement entre les deux ? Et, si les deux déterminants peuvent être employés dans la même position, dans la même phrase, est ce qu’il y a une différence entre les deux ? Et si la réponse est oui, est-ce que cette différence est à situer sur le plan sémantique, ou est-elle purement pragmatique ?

Après avoir examiné l’emploi des deux déterminants avec la possession inaliénable en français, j’ai comme objectif de comparer ces études avec le norvégien - et poser la question de savoir si le phénomène d’inaliénabilité affecte de la même manière l’emploi du possessif dans la langue norvégienne. Quelles différences y-a-t-il entre le français et le norvégien concernant le choix de déterminant avec la possession inaliénable ? Est-ce que les tendances sont les mêmes, ou y-a-t-il des différences entre les deux langues dans la manière de

déterminer ce type de possession ? Comme le possessif est plus fréquent en général en français qu’en norvégien, est-ce que cette tendance compte aussi pour la détermination de la possession inaliénable ? Je vais donc faire une analyse contrastive entre les deux langues concernant la détermination de la possession inaliénable.

1.1 Plan de l’ouvrage

Ce mémoire se compose de deux parties principales : une partie théorique, qui jette les bases de la deuxième partie - la partie empirique. Le point de départ concernant mon contenu théorique est premièrement les travaux faits par les grammairiens Georges Kleiber et en particulier son article The semantics and pragmatics of the possessive determiner (2008), Michaela Heinz et son ouvrage Le possessif en français, aspects sémantiques et pragmatiques (2003), ainsi que Suzanne Hanon, Martin Riegel, Hans Petter Helland et Knud Togeby. En introduisant la partie théorique, je donnerai une présentation générale des deux déterminants dans les deux langues, dont le déterminant possessif le plus profondément, en me concentrant sur l’aspect sémantique et pragmatique, mais en présentant également la morphosyntaxe de

ceux-ci. Dans le chapitre qui suit, j’examinerai la notion de la possession inaliénable, avant d’étudier les domaines d’emploi du possessif et du défini avec ce type de possession, en présentant principalement les théories de Kleiber et Heinz.

J’introduirai la deuxième partie du mémoire en mettant en considération la méthodologie sur laquelle se basent mes analyses. Les méthodes utilisées consistent premièrement à analyser les données des bases textuelles Frantext et Oslo Multilingual Corpus (désormais OMC).

Afin de compléter mes analyses du corpus et pour pouvoir vérifier plus profondément mes conclusions, je vais questionner 15 informants français et 15 informants norvégiens sur le degré d’acceptabilité concernant l’emploi des deux déterminants avec la possession inaliénable.

La partie empirique de ce mémoire se compose d’une partie examinant la détermination de la possession inaliénable en français, et une partie contrastive comparant ce même sujet en français et en norvégien. Dans la partie consacrée au français, je présenterai mes analyses du corpus, suivies d’un chapitre analysant les informations données par les informants français.

La partie contrastive est structurée de la même manière ; contenant mes analyses du corpus, suivie de l’analyse des informations données par les informants norvégiens. Sur les bases de la partie théorique et la partie empirique, je vais répondre aux questions posées et aux hypothèses, et, vers la fin du mémoire donner une conclusion.

2 Présentation générale du déterminant possessif et