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Caractérisation de l’entomofaune dans le système de décrue du cercle de Yélimané en zone sahélienne au Mali

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en zone sahélienne au Mali

Characterization of the Entomofauna in the

Flood Recession System of Yélimané in Sahelian Zone of Mali

Noussourou Moussa1*, Hamadoun Abdoulaye2, Traoré Kalifa1, Aune Bernt Jens3, Coulibaly Boubacar1

1Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba - BP 262, Bamako, Mali

2Direction Générale de l’Institut d’Économie Rurale - BP 258, Bamako, Mali

3Université des Sciences de la vie, NorAgric Ås, Norvège

*Auteur pour la correspondance : moussanoussourou1@yahoo.fr

Résumé

Les cultures effectuées pendant la période de décrue subissent des pertes importantes de récoltes causées par les insectes. Afin de développer des méthodes de lutte intégrée contre ceux-ci, un inventaire de l’entomofaune a été effectué entre octobre 2012 et mars 2016 au niveau des cultures de 20 à 40 villages encadrés par le secteur d’agriculture du cercle de Yélimané.

Le travail a abouti à la détection de 33 espèces d’insectes nuisibles, 9 espèces de prédateurs, 6 espèces de parasitoïdes et de germes entomopathogènes. Parmi les insectes nuisibles, si les espèces d’orthoptères exercent une forte pression sur toutes les cultures, le lépidoptère Sesamia cretica (foreur de tige) observé pour la première fois au Mali est très préoccupant pour les cultures de sorgho et le lépidoptère Mythimna loreyi menace souvent les cultures de sorgho et de maïs. Au niveau des prédateurs, composés de trois (3) espèces d’araignées et de six (6) espèces d’insectes appartenant aux familles des Syrphidae, Formicidae, Coccinellidae et Chrysopidae, le complexe dominant est celui des Aphidae. Pour les parasitoïdes, cinq (5) espèces d’hyménoptères, constituées de Brachonidae, Ichneumonidae, Eulophidae, Figitidae et Chloropidae parasites de S. cretica et une mouche Tachinidae issue de M. loreyi et S. cretica, ont été recensées. Des chenilles malades de S. cretica et de M. loreyi ont été rarement observées dans le milieu.

Mots-clés : cultures de décrue, insectes nuisibles, lutte intégrée, Mali.

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Abstract

Crops sown during flood recession periods experienced significant crop losses due to insect pests. In order to develop an integrated pest control method, an inventory of the entomofauna was carried out between October 2012 and March 2016 with crops in 20-40 villages supervised by the Agricultural Sector of the cercle of Yélimané.

This work helped detect 33 insect pest species, 9 predator species, 6 parasitoids species and entomopathogenic germs. Among the insect pests, while orthopterans exert a strong pressure on all crops, the lepidoptera Sesamia cretica (stem borer), which was observed for the first time in Mali, is of great concern for sorghum. Furthermore, the lepidoptera Mythimnia loreyi often threatens sorghum and maize. Concerning predators, including three (3) species of spiders and six (6) species of insects belonging to the families of Syrphidae, Formicidae, Coccinellidae and Chrysopidae, the dominant complex was that of Aphidae. As for parasitoids, five (5) species of hymenoptera, consisting of Brachonidae, Ichneumonidae, Eulophidae, Figitidae and Chloropidae, parasites of S. cretica, and a Tachinidae fly derived from M. loreyi and S. cretica, were recorded. Diseased S. cretica and M. loreyi caterpillars have been observed at a very rare frequency in the environment.

Key words: flood recession crop, insect pests, integrated control, Mali.

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Introduction

Au Mali, les cultures effectuées pendant la période de décrue jouent un rôle majeur dans l’alimentation et la sécurité alimentaire des populations. Outre le cercle de Yélimané, elles sont réalisées dans les zones lacustres de la région de Tombouctou et dans plusieurs autres localités du pays. Le cercle de Yélimané se situe en zone sahélienne entre le 14°

et le 16° de latitude nord et les 10° et 12° de longitude ouest (PROMISAM, 2006).

Selon la même source, la température peut atteindre 45°C et la pluviosité annuelle dépasse rarement 600 mm par an. Chaque année, après l’hivernage, les cultures sont intensément installées dans des zones où l’humidité du sol permet le développement des plantes jusqu’à la maturation. Les cultures principales exploitées, le plus souvent en association, sont le sorgho, le maïs et le niébé. Souvent, dans les parcelles des cultures principales, on rencontre du gombo, de l’oseille de Guinée et de la pastèque.

Cette intensification des cultures pendant la saison sèche a aussi favorisé une pression importante des nuisibles qui occasionnent des pertes importantes de récoltes. Le but de cette étude est de contribuer à l’amélioration de la production des cultures pratiquées en période de décrue. L’objectif spécifique vise à identifier les ravageurs les plus préoccupants et leurs éventuels ennemis naturels en vue de leur prise en compte dans un programme de lutte intégrée.

Matériel et méthodes

Le travail a été effectué entre octobre 2012 et mars 2016 dans la zone d’intervention du Secteur Agricole de Yélimané. Pendant cette période, nous avons visité les parcelles de cultures de sorgho, maïs, niébé, gombo, hibiscus et pastèque de 20 à 40 villages, appartenant aux communes rurales de Guidimé, Fanga, Soumpou, Toya, Tambacara et Tringa-Maréna. Ces villages sont Gory, Yaguiné, Fongou, Djongoulani, Dougoubara, Diadi, Sambanouha, Kemala, Sambaga, Komowulou, Yarga, Banjougoula, Dembala, Tambacara, Djalaka, Kodje, Gogomera, Tandia-Dounga, Niagnela et Fanga. Aussi, après la récolte, des prospections ont été faites au niveau des débris des récoltes de sorgho et de maïs de ces villages. La détection des nuisibles a été faite par des observations visuelles, des fauchages avec le filet fauchoir et des dissections de tiges de sorgho et de maïs. Pour la collecte des insectes, outre le filet fauchoir, la pompe aspirante ou le pinceau ont été aussi utilisés. Les larves et nymphes ont été élevées au laboratoire jusqu’à l’émergence des adultes. Les insectes collectés sont tués avec de l’acétate d’éthyle puis conservés dans de l’alcool à 70% ou dans des boîtes de collection. Les identifications ont été faites en se référant aux collections de références nationales (Office de la Protection des Végétaux et IER) et par des laboratoires spécialisés (British Museum et CIRAD).

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Résultats et discussion

Les travaux ont permis la détection des insectes nuisibles et des ennemis naturels.

Les ennemis naturels sont constitués par des insectes, des araignées et des germes entomopathogènes.

Les insectes nuisibles aux cultures

Au total, 33 espèces d’insectes nuisibles appartenant à 8 ordres ont été répertoriées au niveau des cultures (Tableau 1). Les orthoptères (11 espèces), suivis des lépidoptères (5 espèces) regroupent, les plus grands nombres d’espèces. Aussi, on note que toutes les espèces d’orthoptères et de thrips sont communes à toutes les cultures alors que dans d’autres ordres certaines espèces s’attaquent à un nombre restreint de cultures (cas de Sesamia cretica) voire une seule culture (cas de Maruca testulalis Geyer).

Les insectes qui exercent une forte pression sur les cultures sont les espèces d’orthoptères et le lépidoptère S. cretica (foreur de tige). Les orthoptères provoquent des pertes de semis et leurs dégâts sont beaucoup plus importants sur les cultures installées sur des sols qui se craquèlent (Photo 1 A-B). Après le stade plantule, les incidences des orthoptères deviennent faibles sur les cultures. Les chenilles de S. cretica sont détectées dans le milieu à partir de décembre sur les cultures de maïs et de sorgho (Photo 2 A-B-C). L’espèce S. cretica attaque beaucoup plus le sorgho que le maïs (0,067-0,24 chenilles par tige de sorgho contre 0,008 chenilles par tige de maïs). Suivant les cultivars locaux de sorgho exploités dans la zone, son infestation varie entre 41 % et 72 %. Après la récolte, S.

cretica est aussi détectée sur les débris de récoltes et les repousses spontanées des plants de sorgho. En 2013, une infestation moyenne de 24,4 % de S. cretica a été enregistrée sur les débris de récoltes. On note également un autre lépidoptère, Mythimna loreyi (Photo 3 A-B) qui provoque souvent des défoliations importantes sur les cultures de sorgho et de maïs dans la zone.

Pendant la période des prospections, les pucerons, les thrips et les autres espèces d’insectes ne se sont pas révélés comme des ravageurs pour les diverses cultures.

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Tableau 1 : Insectes nuisibles répertoriés sur les cultures exploitées en période de décrue dans la zone de Yélimané

Ordres Familles Espèces Cultures Organes attaqués

Orthoptera Acrididae Acrotylus blondeli Saussure Toutes cultures Feuilles et tiges Aiolopus simullatrix L

Aiolopus thalassinus F Oedalus senegalensis Kr Oedalus nigeriensis Uvarov Kraussaria anguilifera K Kraussella amabile K Calephoris sp Zacompsa bivittata Uv Pyrgomorphidae Pyrgomorpha cognata Kr

Chrotogonus senegalensis K

Lepidoptera Noctuidae Sesamia cretica Lederer Sorgho, maïs Tiges Mythimna loreyi (Duponchel) Sorgho, maïs Feuilles Spodoptera exempta (Walker) Sorgho Feuilles Earias biplaga Walker Gombo, hibiscus Capsules

Pyralidae Maruca testularis Geyer Niébé Gousses

Coleoptera Chrysomelidae Nisotra uniformis (Jack) Gombo, hibiscus Feuilles, fleurs, capsules Nisotra dilecta (Dalman) Gombo, hibiscus Feuilles, fleurs,

capsules Meloidae Mylabris dicinta (Bertoloni) Sorgho, niébé Fleurs

Mylabris sp Niébé Fleurs

Mylabris sp Niébé Fleurs

Coccinellidae Henesopilachna elaterii Rossi Pastèque Feuilles

Heteroptera Miridae Calocoris angustatus Sorgho Panicules

Lygaeidae Spilostethus sp Sorgho Panicules

Pentatomidae Nezara viridula L Sorgho Panicules

Pyrrhocoridae Dysdercus supertituosis F Gombo, hibiscus Feuilles, tiges, fleurs et fruits

Homoptera Aphididae Aphis spp Maïs, niébé Feuilles

Melanaphis sorghi (Theobald,

1904) Sorgho Feuilles

Aphis gossypii Glover Gombo,

pastèque Feuilles, fleurs, fruits

Aleyrodidae Bemisia tabaci Gennadius Gombo, pastèque, hibiscus

Feuilles

Thysanoptera Tripidae Thrips spp Toutes cultures Feuilles

Diptera Tephritidae Dacus sp Pastèque Fruits

Agromyzidae Liriomyza trifolii (Burgess) Niébé, gombo,

hibiscus Feuilles

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Photo 3 : A) Adulte de M. loreyi ; B) Chenilles de M. loreyi dans le cornet foliaire du sorgho Photo 1 : A) Dégâts de divers sauteriaux sur plantules de sorgho ; B) Sol craquelé favorable aux dégâts

des sauteriaux

Photo 2 : A) Adulte de S. cretica ; B-C) Chenilles et dégâts de S. cretica sur sorgho

A B

A B C

A B

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Les ennemis naturels Les prédateurs

Ils sont composés de trois (3) espèces d’araignées et d’insectes prédateurs. Les insectes regroupent des Coccinellidae, des Syrphidae, des Chrysopidae et des Formicidae. Le tableau 2 indique les espèces d’insectes prédateurs identifiées. Les espèces d’araignées n’ont pas fait l’objet d’identification. Au niveau des insectes prédateurs, le complexe dominant est représenté par les prédateurs des Aphidae, constitués par quatre (4) espèces qui sont Allograpta sp, Chilocorus distigma, Cheilomenes proquinqua (Mulsant) et Chrysopa carnea. Les populations des Coccinellidae et Syrphidae sont plus importantes que celles de C. carnea. Plusieurs larves de Allograpta sp (Photo 4) et de Coccinellidae (Photo 5) ont été observées au milieu des pucerons et même sur les repousses des débris de récoltes du sorgho. Les espèces de fourmis observées au niveau des cultures de sorgho sont Formicinae, Camponotus sp (Formicinae) et Trichomyrmex oscaris (Forel) (Myrmicinae). En plus d’être observées sur les parties extérieures des plants de sorgho, T. oscaris a été détectée à l’intérieur des tiges de sorgho disséquées, s’attaquant aux chenilles de S. cretica. À l’intérieur des tiges disséquées de sorgho, soit on observe des milliers d’individus adultes de T. oscaris, soit on les trouve dans des fourreaux de feuilles de sorgho enroulées contenant plusieurs milliers de stades immatures.

Tableau 2 : Les insectes prédateurs répertoriés au niveau des ravageurs des cultures de décrue dans la zone de Yélimané

Ordres Familles Espèces Proies

Diptera Syrphidae Allograpta sp Pucerons

Coleoptera Coccinellidae Chilocorus distigma Pucerons Cheilomenes vicina Pucerons Neuroptera Chrysopidae Chrysopa carnea (Stephens) Pucerons

Hymenoptera Formicidae Camponotus sp S. cretica et autres insectes Trichomyrmex oscaris (Forel) S. cretica et autres insectes

Photo 4 : Larves d’Allograpta sp aux

dépens des pucerons Photo 5 : Larves de Coccinellidae aux

dépens des pucerons

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Les insectes parasitoïdes et les germes entomopathogènes

Les parasitoïdes sont constitués par un diptère Tachinidae, des hyménoptères Ichneumonidae et Brachonidae, l’Eulophidae Pediobius furvus Gaham, Figitidae Anacharoides sp et Chloropidae Calamoncosis sorghivora Deeming & Al-Dhafer. Le diptère Tachinidae (Photo 6) a été observé à une fréquence d’émergence très rare sur les chenilles de S. cretica et M. Loreyi. L’Ichneumonidae et le Brachonidae sont un peu plus fréquents sur les plants de sorgho que la mouche Tachinidae. L’adulte de l’Ichneumonidae pondant dans le trou de pénétration des chenilles de S. cretica dans la tige de sorgho et sortant de la tige par le trou de sortie de la tige des adultes de S. cretica a été observé au champ (Photo 7). Ses cocons à l’intérieur de la tige de sorgho et son adulte émergeant d’un cocon ont été aussi observés (Photo 8).

Photo 8 : A) Coccons d’Ichneumonidae à l’intérieur de la tige de sorgho ; B) Adulte d’Ichneumonidae émergeant du cocon extrait de la tige

Photo 6 : Adulte de diptère Tachinidae émergeant des chrysalides de

S. cretica et M. loreyi

Photo 7 : A) Adulte de l’Ichneumonidae utilisant le trou de pénétration de S. cretica dans la tige de sorgho pour la ponte ;

B) Adulte de l’Ichneumonidae émergeant de la tige de sorgho par le trou de sortie de l’adulte de S. cretica

A B

A B

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Pour les germes entomopathogènes, des chenilles malades de S. cretica et de M. loreyi ont été collectées sur les cultures de sorgho (Photo 9) et de maïs (Photo 10). La fréquence d’observation de ces chenilles parasitées est très faible dans le milieu.

Photo 10 : Chenille de M. loreyi parasitée par un germe entomopathogène Photo 9 : Chenille de S. cretica parasitée

par un germe entomopathogène

Discussion

À Yélimané, les plantes cultivées pendant la période de décrue sont attaquées par plusieurs insectes nuisibles. Ils ont été mentionnés par plusieurs auteurs dans d’autres zones agricoles du Mali où les cultures sont pratiquées pendant la période de décrue (OMVF, 2009 ; Noussourou, 2011 ; Ratnadass et al., 1992). Les sauteriaux sont très préoccupants au stade plantule des cultures. La pression exercée par les sauteriaux sur les cultures de sorgho a été mentionnée en Afrique de l’Ouest par Nwanze (1985).

Les pucerons qui ne constituent pas une menace à Yélimané ont été très préoccupants pour les cultures dans les zones lacustres de Tombouctou (OMVF, 2009 ; Noussourou, 2011). Outre les sauteriaux, S. cretica, détectée pour la première fois au Mali au cours de nos travaux, est présentée sur les cultures de sorgho et de maïs à Yélimané alors que dans les zones lacustres de Tombouctou l’espèce Sesamia penniseti a été mentionnée sur les cultures de sorgho avec des taux d’infestation variant entre 62 à 100 % en fonction des lacs (Ratnadass et al., 1992). En fonction des cultivars locaux exploités à Yélimané, les taux d’infestation de S. cretica peuvent atteindre 72 %. Aussi, à Yélimané, S. cretica s’attaque beaucoup plus au sorgho que le maïs (0,40 à 0,67 chenilles/tige de sorgho contre 0,008 chenilles par tige de maïs). Alors que S. cretica n’est pas un ravageur du maïs pendant la période de décrue à Yélimané, Goebel (1995) a mentionné qu’une autre espèce de sésamie, Sesamia calamistis n’attaque pas le maïs au Sénégal en saison sèche froide qui correspond à la période des cultures pendant la décrue à Yélimané. Aussi, nos données indiquant S. cretica comme un ravageur pour les cultures de sorgho sont confirmées par Harris (1985) en Afrique du Nord-Est dans la région méditerranéenne et au Moyen-Orient. Reddy and Omo (1985), ont rapporté que S. cretica et les autres

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espèces de Sesamia sont des ravageurs du sorgho dans diverses zones d’Afrique. En Afrique de l’Ouest, Sesamia botanephaga Tarns & Bowden et S. calamistis sont signalés comme des ravageurs des cultures de sorgho et de maïs et de la canne à sucre (Nwanze, 1985 ; Hamadoun, 1992). M. loreyi, détectée également à Yélimané, a été signalée à Kogoni par piégeage sur les parcelles de sorgho, de maïs et de riz avec une phéromone sexuelle de S. calamistis (Zagatti et al., 1988). Aussi, M. loreyi est signalé comme ravageur du petit mil (Mbaye et al., 1984). Après la récolte des cultures de décrue, S. cretica persiste dans le milieu aux dépens des débris de récoltes, souvent à un taux d’infestation élevé. En 2013, S. cretica a enregistré en moyenne 24,4 % d’infestation des débris de récoltes et des repousses spontanées de plants de sorgho se trouvant dans les jardins maraîchers. Cette infestation moyenne de 24,4 % des débris de récoltes par S.

cretica observée à Yélimané est similaire à celle décrite par Gahukar et al. (1981) dans les parcelles de sorgho en post-récolte par Sesamia sp avec des taux d’infestation variant entre 6 et 25 %. Thresh (2003) a décrit l’importance des débris de récoltes des cultures et leurs repousses spontanées dans le maintien des populations des ravageurs entre deux époques de cultures.

Les données sur les ennemis naturels indiquent la présence de prédateurs, de germes entomopathogènes et de parasitoïdes des insectes ravageurs des cultures. Chez les prédateurs, le complexe prédateur puceron est dominant dans le milieu. Cette dominance du complexe prédateur puceron a été mentionnée (Sylvie et al., 1993).

Une prédation de chenilles, de pupes et de larves de S. cretica par les fourmis s’exerçant même à l’intérieur des tiges de sorgho a été aussi observée au cours de nos travaux.

L’importance des fourmis pour le contrôle des ravageurs des cultures a été mentionnée par Paul Van Mele (2008), et la régulation des populations de Eldana saccharina (Girling, 1978, 1980, cité par Moyal, 1998). Pour les parasitoïdes, le diptère Tachinidae et les hyménoptères Ichneumonidae et Brachonidae détectés sur le sorgho à Yélimané ont été signalés sur le sorgho par Teetes et al. (1983).

Les parasitoïdes P. furvus, A. sp et Calamoncosis sorghivora sont mentionnés pour la première fois au Mali par nos travaux sur les insectes foreurs. Pour P. furvus, nos résultats sont conformes à ceux de Wakeil et al. (2008) qui l’ont mentionné sur S.

cretica au niveau du maïs en Égypte. P. furvus a été aussi décrit sur Sesamia sp au Togo (Sylvie et al., 1993) et au niveau des cultures de la canne à sucre en Inde sur Chilo infuscatellus (Snellen), C.  sacchariphagus indicus (Kapur), C. auricilius (Dudgeon), C. tumidicostalis (Hampson), Scirpophaga excerptalis (Walker) et Acigona steniellus (Hampson) (Sankaran, 1974). Allograpta sp qui a été détecté par nos travaux sur S.

cretica a été mentionné au Togo sur les larves de Syrphidae qui sont prédatrices de divers pucerons (Sylvie et al., 1993). C. sorghicola a été décrit dans la Péninsule Arabique par Deeming et Al-Dhafer (2012).

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La présence de germes entomopathogènes sur les chenilles de S. calamistis et de M. loreyi a été aussi constatée. Breniere (1970) a mentionné la présence peu connue de germes entomopathogènes sur les foreurs de tige.

Conclusion

Ce travail a fourni des éléments d’information permettant une gestion intégrée des nuisibles. À Yélimané, les ravageurs causent des pertes de rendements aux cultures de décrue. Les ravageurs les plus préoccupants sont les sauteriaux et la Sesamia cretica sur les cultures de sorgho et de maïs. En plus des ravageurs observés dans la zone des cultures de décrue, on note également des ennemis naturels formés par des Coccinellidae, des Syrphidae et des fourmis prédateurs de pucerons ainsi que des parasitoïdes de S.

cretica, des germes entomopathogènes qui vivent aux dépens des chenilles de S. cretica et M. loreyi. La présence de ces auxiliaires utiles indique un équilibre biologique qu’il faut préserver dans cet environnement fragilisé par les effets de la sécheresse. Pour ce faire, des études approfondies de bioécologie du complexe ravageurs/ennemis naturels doivent se poursuivre en vue de disposer de données suffisantes pour la promotion d’une gestion intégrée des ravageurs au profit des producteurs.

Références

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